Ses enfants toujours l’enchantent et la ravissent
Quand deux petits fantômes parfois, l’investissent.
Dans son cœur en secret elle les a prénommés
Il ont un sexe, un nom, une vie fantasmée
L’un aurait vingt ans, l’autre quinze printemps..
Enfants de nulle part renvoyés au néant
Trop tôt, trop tard, trop, malvenus dans sa vie
Promesses de demain, dans les caillots parties
On lui tendit le premier comprimé :
Tenez lui dit-on c’est pour tuer le bébé !
Mon trophoblaste, petit tétard hydrophile
De quelque cellules petit cœur habillé
Voici que par l’esprit fertile,
d’une secrétaire zélée
Tu devenais bébé
La deuxième fois, aux urgences arrivée
Et perdant tout son sang quand elle dit affolée:
« Voyez je saigne ! » voilà qu’on lui rétorque :
Et d’un ton sec et sans aménité
« Et bien oui c’est normal, puisque vous avortez
Posez vous là et attendez ! »
Qui dira le choix sidérant ?
Le sentiment d’effroi, l’horreur
Qui dira les regards méprisants,
la cuisante honte et la peur ?
La grande main de glace qui étreint le cœur ?
Qui dira la douleur ?
L’expérience qu’on ne partage pas ?
Des enfants que l’on choisit
à ceux qu’on ne choisit pas ;
Celle fantasmée d’un amour impossible,
Son petit idéal conçu dans le dépit
Avorté dans le sang
Celui venu trop tôt après trois beaux enfants
Renvoyé au néant
Eux ses enfants de nulle part,
Jolis petits tétard,
Promesses de demain, dans les caillot passées
Ils n’existent pas, sinon dans ses pensées
IIs ne font pas le poids, on peut le constater
Au regard de ce qu’elle ressent pour les présents
Au regard de l’amour profond, qu’elle éprouve
Pour ses enfants vivants
Ses enfants qui devenus grands
L’enchantent et la ravissent
Et pourtant le corps se souvient
De la chair déchirée, des caillots, des trachées…
Et pourtant l’esprit se souvient,
Il garde vivante la cicatrice
Des solitudes et des regrets,
Souffrez qu’elle pleure dans le secret de son cœur
Ces bébés qu’elle n’a pas eus
Que parfois fragile et parce que sa vie
Lui joue des tours, détours futiles
Souffrez qu’elle pleure sur eux
Sur ces deux petits coeurs
partis hanter les cieux
Parce qu’elle n’a pas su, parce qu’elle ne pouvait pas,
Les assumer,
Elle rêve d’eux la nuit, la joie de les porter
Et dans ses rêves revit l’histoire,
revoit sa vie, refait les pas
Car l’un venu trop tôt, compléter le quartet
Parce-que l’autre, trop tard, elle trop seule
Pour assumer cet-te enfant sans papa…
Souffrez qu’elle se sente certains jours vide..
bien que pleine de maux
Que la vue d’un marmot
la remplisse d’un bonheur avide
Pardonnez lui si ensuite elle
Ecume les pharmacies,
Au moindre battement d’aile
Dans ses entrailles tyranniques,
Au moindre retard de sang
De ses ovaires erratiques,
Inlassable achetant ces petits tubes blancs
Dans l’attente du trait rose et signant…
En elle ce retour de la vie
Jusqu’au prochain saignement
Elle n’aura vite de cesse que d’être
ménopausée,
Qu’enfin son corps, son cœur se fassent plus tranquilles,
Une raison !
Était-ce alors dans l’impossibilité du deuil
Et les a-t- elle vécus tous ces écueils
Pour expier encore et encore
Ce que depuis toujours pourtant Elle considère
Comme un droit d’accord d’accord,
Avec tous ces slogans scandés par ses ainées
La maîtrise du corps, le choix d’être mère
L’enfant choisi, l’enfant si tu veux,
L’enfant non subi, l’enfant quand tu peux ?
Fut-elle trop sensible ou mal accompagnée?
Est-elle un cas à part ou part d’humanité ?
Comment le saurait-elle puisqu’elle n’en parle pas ?
Puiqu’on n’en parle pas !
Elle se dit même qu’elle a eu de la chance
Elle est de cette génération là !
Celle qui a bénéficié de femmes héroïques
De quelques hommes aussi dont les vaillances
Conjuguées ont fini par gagner
La lutte tragique
Il n’y a pas eu pour elle d’aiguilles à tricoter,
Pas d’arrières cuisines,
Non pas de pratiques occultes
De ces femmes dévouées ou cupides
Elle n’a connu que l’univers aseptisé
D’un service hospitalier, tout ce blanc !!
Et le sang rouge qui coule goutte à goutte
Ou torrent contrarié
Elle se dit c’est troublant
Comme l’on assume coûte que coûte
Ce que c’est qu’être femme et seule intrinsèquement
Seule avec le souvenir,
Dans son cœur : Un mausolée caché
Pas de péremption, pas de remise de peine
Ils ont un nom, un sexe, une vie fantasmée
Dans son cœur en secret elle les a prénommés.
Elle n’en parle pas, elle en parle à peine
Long plaidoyer sur la douleur de l’absence, de la non-naissance et du vide provoqué par ce passage pas si anodin que cela, de l’avortement. Voulu ou non.
C’est sur ce texte que tu galérais l’autre jour ?
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Oui merci cc,est bien lui !retour d’une soirée Doc sur l’avortement ce vendredi;-)et besoin de partager sans trop tomber ds le pathos
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Partage réussi. La soirée a dû être riche en émotion et intéressante en histoires de vies. Ce n’est pas un sujet banal.
Biz !
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