Césarine 6 (fin alternative)

Quel rêve surprenant soliloque la femme lasse en rajustant son châle qui a glissé. Elle s’est assoupie dans son fauteuil après le café comme ça lui arrive de plus en plus souvent, elle a encore fait ce rêve et se demande qui est cette femme qui l’obsède à ce point. -« Une réminiscence de mon passé mais qui ? » pense t-elle alors que le rêve s’effiloche et qu’elle tente en vain d’en sauver quelques images : une petite boutique cosy, une femme lui fait essayer des chapeaux., Cette femme a des yeux noisette, de si jolis yeux un peu écartés et Alice se revoit, enfin pas elle mais une version plus jeune d’elle même, charmée et babillant follement dans cette boutique tout en essayant des chapeaux, son visage dans la glace et derrière la femme qui lui tend des modèles, elle entendrait presque encore sa voix douce lui suggérer … Il y a ce chapeau, celui-ci….un beau visage tranquille .. comment s’appelle t-elle déjà un prénom peu commun, un peu ancien peut-être Célestine ? Ernestine ? Ou plutôt Césarine ? Oui c’est ça Césarine elle revoit le nom au fronton du magasin. Une charmante petite modiste, Alice sourit toute seule en remontant le temps. Avant hier elle l’avait croisée alors qu’elle canotait sur la Loire, la jeune femme ( quarante à cinquante ans a évalué Alice en contemplant les pattes d’oie autour des yeux, les petites rides aux commissures des lèvres, l’encor léger affaissement du menton) qui l’avait fixée de ses yeux noisettes jusqu’à ce que la rivière dans l’un de ses détours la cache à ses yeux. En se réveillant Alice avait évoqué son père, ornithologue à l’occasion, et qui aimait l’emmener à la rencontre des hérons, des martins pêcheurs sur les rives du fleuve lorsqu’ elle était enfant. A dire vrai elle n’avait jamais canoté et ne comprend vraiment pas d’où lui sortent ses rêves. Est ce qu’il n’y a pas d’ailleurs un magasin de chapeaux à Roanne dans la rue du lycée ? Où dans l’autre rue piétonne ? Alice ne sait plus, en revanche le nom de l’enseigne n’est pas Césarine, ça elle en est certaine, plutôt quelque chose de sobre comme « Au chapeau moderne ». Alice repense alors à sa vie laborieuse, à ses recherches qui l’ont passionnée, lui ont tenu lieu d’enfant, de vie de famille… A cet amour que la guerre lui a volé… Elles s’étaient engagées dans la résistance, Simone n’était jamais revenue des camps où elle avait été envoyée lorsque leur réseau avait été dénoncé. Alice elle avait eu plus de chance qui prévenue à temps avait pu se cacher dans le grenier de sa voisine puis partir en zone libre. Mais ces rêves qui lui viennent depuis peu ? d’où lui viennent-ils ? ? cette Césarine ne ressemble pas à sa Simone. Purs produits de son imagination ou rêve prémonitoire ? Si c’est le cas pense t elle résignée ce n’est pas pour elle, elle n’a que soixante -cinq ans mais se sent tellement fatiguée ces derniers temps. Les examens prescrits récemment par son médecin pour expliquer sa trop grande fatigue n’ont rien donné mais elle sait qu’elle ne fera pas de vieux os sur cette terre. « Mais quand même radote t-elle pour elle même quels rêves étranges ». Elle n’a pas conscience d’avoir parlé à voix haute mais la petite fille qu’elle garde et qui joue à ses pieds lui jette un regard interloqué de ses yeux myosotis. « Quels rêves grand tata ?  » demande t- elle … Et Alice attendrie songe que peut-être dans quelque monde parallèle Césarine existe et que la petite Alice un jour peut-être la rencontrera…

3 Comments

    1. Bonsoir Alain merci pour cette visite et pour tes commentaires toujours amusants. L’apporte ça me fait penser à cet auteur d’albums pour enfants à l’univers si étrange et savoureux poétiquement absurde, j’ai mangé son nom là tout de suite mais je crois qu’,il y a un de ses albums qui s’appelle l’écoutauxportes… Des bises

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