La plage est toute Clameur et couleur, le bruit la saisit, l’étourdit, la culbute.
La jetée derrière elle invisible rempart
contre sa vie le réel .
Enfoncant ses petons dans le sable,
Bien campée sur son désir de mer,
elle résiste.
Ses yeux éblouis par l’eau en fusion,
A perte de vue, l’horizon blanc
Halo métallique du soleil, implacable.
Et dessus sa tête que du bleu, que du bleu mon Dieu.
Entre elle et la mer … Une marée de parasols : Entrefouillis paresseux de couleurs vives et de corps dénudés.
Une chaude odeur d’huile s’infiltre et chatouille ses narines.
Le sifflement d’un train signalant son arrivée en gare toute proche se mêle au bruit du ressac dont elle prend alors conscience.
Déferlent sur la plage individus chevelus
bruyants en tongs et raquettes ; sursaut de tout son être alangui sous la brûlure.
Où sont ils ?
Où sont ceux qu’elle doit rejoindre ?
Pour tout dire elle s’en fout :
Dans ce temps arrêté, n’anticipe que
– la course en Zigzag jusqu’au frais de la mer,
-et là s’enroulera de l’eau comme d’un manteau de fraîcheur…
Enfin…
L’eau infiltrée sous le tissu, hydratant sa peau, volutes… Nager nager jusqu’ à plus soif … Là où la mer est plus bleue… Jusqu’à presque froid… Puis revenir bercée du ressac s’allonger se fondre dans le sable qui crisse. Lourde et repue de sel et d’eau. Voir paresseuse sa peau parsemée de cristaux… saoulée des bruits proches et pourtant c’est étrange ne lui parvenant que par bribes assourdies, lambeaux de phrases, éclats de rires ouatés.
Mer, elle aime toutes les mers. De l’océan elle se méfie… Et rêve endormie aux rivages de son enfance, cette ligne d’horizon qui n’est plus si bleues certes mais plutôt verte et laiteuse. Ce soleil qui n’est pas si blanc, ni ce ciel si bleu ou alors de manière si fortuite qu’au premier nuage qui passe, trop vite rejoint par ses nuées de frères, on croit avoir rêvé. La jetée déserte et les mouettes qui piaillent et la mer déchaînée de cet autre je t’aime là bas et sa mère et ses soeurs et son frère et sa vie tout en pulls de laine, plaines herbeuses et prés salés, balades boueuses en chemins bocagés, ouvrant sur la mer, ouvrant sur le vent, les doigts gourds au café demander un chocolat chaud… dans l’eau claquer des dents lèvres bleues, froid qui remonte par grandes giclées de vague et on crie, roulée sur les galets… après le bain hâtivement s’habiller, prendre une petite laine…son père ses yeux gris verts, sa mère son regard bleu, couvre-toi tu vas ma chérie prendre froid, non mère j’ai assez chaud, même trop, pourquoi si chaud ? c’est pas normal, pas de saison pas d’ici, pas… Réveille toi !
On lui dit Réveille toi on lui dit Regarde tu deviens rouge, où étais-tu, on lui dit Nous t’avons cherchée ? Son regard embrumé des vapeurs d’enfance accommode un regard pas content, une main qui prend soin qui lui tend un tube, giclée de fraîcheur odorante sur un dos cuit.
J’étais … Mais comment leur expliquer ? J’étais ailleurs leur sourit-elle. Consciente en leur parlant de sa voix qui crisse, de son gosier comme ensablé … Les amis je vous offre à boire pour me faire pardonner !
Chouette ce rêve de mer ou la réalité des sensations , si bien décrites, rejoint la nébuleuse poétique.
Chouette texte. Merci
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