Sa belle robe rouge ne dansera plus dans les reflets d’électriques agapes
Ses fruits ne chanteront plus leurs florales et subtiles vocalises
A vos palais à jamais orphelins de ses sucs exquis
Le stress hydrique eut raison d’elle ainsi que l’ardeur du soleil
Combien de temps encore ?
Encore combien d’eau, combien de pain, combien de fraîches nuits où ressourcer notre humaine nature ?
Et pour ainsi dire autrement pour une vigne qui brûle combien d’humains déjà combien d’autres qu’humains ?
Combien d’êtres vivants demain ?
Combien dès aujourd’hui ?
Combien de sahéliens, combien d’érithréiens, combien de frères humains ?
Meurent ainsi meurtris, desséchés, dénutris ?
Combien fuyants guerres et misères qu’un mauvais sort nommé occident conjugue
Combien exploités, combien noyés, combien niés, battus, violés ?
Combien dites moi combien nous faudra-t-il encore ?
Qu’autres que nous endurent
Combien de déserts autour de nos oasis ?
Avant de réagir ?
La vigne a brûlé certe et demain le champ de blés murs
Demain les fruitiers que ne fécondent déjà plus les abeilles
Demain c’est déjà aujourd’hui, en maintes parties du monde pareil
Pleurez donc médias obscènes et insensés
Pleurez pleurez donc ces vignes et leurs belles et opulentes grappes
Pleurez l’absence à vos palais de ses sucs fermentés
Pleurez doctes et graves de ces agapes le manque à gagner
Hier ou était-ce avant hier un enfant s’est noyé,
Sur le sable où la mer efface bientôt toutes les traces
Gisait cette dépouille dérisoire dont on ne voyait pas la face
En capture vidéo l’image de sa petite basket bleue
Sur les télés du monde le grand gaillard s’est penché
Il a pris dans ses bras avec douceur le petit enfant
Calé sur son épaule la petite tête pâle aux yeux fermés
Sur les télés du monde entier le grand gaillard pleurait
Et surtout ne me dites pas que je mélange tout,
Passer ainsi de la vigne à l’enfant, de l’enfant à la vigne n’est-ce pas insensé ?
Je dis que tout est lié, tout !
Que ceux qui à présent pour la vigne s’intriguent, pour l’enfant s’émurent
Puis retournèrent à leurs petites activités consuméristes
Ainsi qu’à leurs énergivores et frénétiques loisirs
Une larme a coulé sur maints écrans dont le temps comme la mer efface les traces
Je dis que tout est lié,
L’enfant échoué qui fuyait la misère ou la guerre là bas
Et la vigne brûlée d’un trop plein de soleil ici
Combien d’êtres vivants
De la vigne charnue à l’enfant riant
Faudra-t-il encore ?
La vigne a brûlé
Sa belle robe rouge ne dansera plus dans les reflets d’électriques agapes
Pour une vigne qui brûle, combien d’humains déjà combien d’autres qu’humains ?
Faudra-t-il encore ?
Avant de collectivement
Changer ?
Quel beau et puissant texte. J’en ai eu des frissons.
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