Césarine n’a jamais retrouvé le petit chapeau et ne s’explique pas ce mystère. Une crise de somnambulisme ? Mardi premier du mois le jour du réassort elle en a commandé un autre à son fournisseur, ce modèle revient à la mode. Tous les mystères se dit Césarine ne requièrent pas nécessairement d’être résolus ! Elle n’a pas rêvé d’Alice cette semaine ou elle ne s’en souvient pas. En revanche ses pensées la ramènent souvent à ces jours d’école la petite fille qui la captivait les moqueries des petites camarades autour « Attention Alice Césarine te regarde encore elle va te dévorer toute crue »
Elle se sent fatiguée, souvent démoralisée ces jours ci, sans doute se dit elle à cause des règles qui sont venues deux fois ce mois ci, pas du tout le précédent c’est à n’y rien comprendre ! espère que ce n’est pas, pas déjà la ménopause. Pourtant elle dort comme un bébé entre ses deux chats mais le jour elle s’interroge, elle qui se croyait asexuelle, serait en fait attirée par les femmes ? Ou tout du moins par une femme ? Elle avait déjà bien trente ans quand elle a lu dans une revue qu’elle feuilletait chez le marchand de journaux un article sur l’asexualité qui toucherait 4% des gens pas où peu attirés par la sexualité. Cet article avait été une révélation pour elle qui s’était ensuite sentie comme légitimée, moins marginale. Elle qui avait dû toute sa jeunesse expliquer à sa tribu (outre ses parents retirés dans le sud de la France, Césarine est encore riche de cinq tatas et d’une douzaine de cousins eux même mariés avec pléthore d’enfants) que non elle n’avait pas de petit ami, non elle n’envisageait pas d’en chercher un, oui elle était toujours vierge et non « ça » ne lui manquait pas !
« Et les sites de rencontre tu as essayé ? » lui avait encore demandé Aurélie récemment « tu sais moi j’ ai trouvé mon Christophe comme ça… sur Meetic ! » Aurélie ne lâche pas l’affaire qui lui organise de loin en loin des dîners( « pas grand monde Césarine je sais que tu n’aimes pas juste nous et quelques copains… ») Copains parmi lesquels se trouve immanquablement un plus ou moins beau et sémillant (de moins en moins pour tout dire) célibataire.
C’est bien deux semaines après l’incident du chapeau cloche ; un dimanche au fil de l’eau, Césarine profitant du printemps revenu est allée canoter sur la Loire ; qu’elle repense à cette curieuse succession de rêves, toutes ces Alices qui viennent la visiter, « Taverne ». Est-ce qu’elle a vraiment dit ce nom là? Et qu’est ce que ça lui évoque ?
Césarine frissonne il ne fait pas si chaud et les foulque qu’elle espérait observer se font rares.
A peine rentrée Césarine se connecte à son ordinateur et recherche Alice Taverne,
… Voit qu’ Alice Taverne …-mais oui bien sûr c’est cette ethnologue qui a créé ce charmant petit musée éponyme à Ambierle comment ai-je pu oublier- est morte depuis 1969… La voix de la femme de son rêve résonne dans sa tête « j’habite sur la côte, la côte roannaise?’ » comme répondant â sa stupéfaction, une ligne de points d’interrogation s’affiche sur le traitement de texte a la suite de la notice qu’elle vient de copier.
Chapi installé sur ses genoux vient de poser sa grosse patte blanche sur le clavier..
Incroyable ! Césarine est dépitée, elle est morte depuis…. elle compte sur ses doigts… quarante ans ! Comment puis- je rêver d’une femme qui a vécu quarante ans auparavant sur la côte roannaise ? Sans la connaître ? Césarine ne voit qu’une explication, quelqu’un a dû parler de cette Alice Taverne devant elle, elle n’y aura pas fait attention mais cette conversation se sera mélangée à son rêve récurrent ?
Césarine troublée fait défiler sur l’écran les quelques photos de l’ ethnologue, la jeune femme puis femme mure qui lui fait face est brune et semble dégager la même énergie joyeuse que celle qui en rêve lui a acheté un chapeau. Elle coupe brutalement l’alimentation de son ordinateur dont elle caressait pensivement la souris, se lève délogeant Chapi qui proteste. Elle s’admoneste vigoureusement « Ma pauvre Césarine tu débloques »
« Allons allons » se dit elle encore comme elle se dit toujours quand elle sent que son esprit part dans la mélancolie. Elle va sur le petit balcon regarde le soir descendre sur la ville. Demain c’est jour de comptabilité, le comptable vient l’après-midi il faut que tout soit en ordre mais dimanche ou lundi se promet Césarine j’irai visiter ce petit musée. J’essayerai d’en savoir plus sur cette Alice. Et forte de cette décision, Célestine retourne vers Gudule à qui elle fait cadeau d’une belle brassée de bois, les soirées restent fraîches et s’empare de son polar du moment. Elisabeth Georges une valeur sûre ! Elle est bientôt partie dans les brouillards londoniens avec Barbara Havers.
Début de cette histoire :
https://cecilevalentine.wordpress.com/2022/12/30/cesarine/
https://cecilevalentine.wordpress.com/2023/01/14/cesarine-suite/
J’aime beaucoup le ton de cette histoire ! Césarine s’interroge, frôle les frontières de la réalité. Elle est intriguée mais n’ose pas encore aller au bout de sa quête. Un texte intéressant et bien mené.
Merci Cécile de nous emmener au fil de ta plume aérienne et inventive 😊
Biz et à bientôt !
(j’ai peu de temps disponible en ce moment, donc moins présente sur les réseaux mais je passe quand même de temps en temps)
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J’accroche bien à cette histoire bien menée et qui mérite plus que 4ou 5 likes…
J’aime suivre cette relation ou l’on oscille entre rêve et réalité.
Et puis cette histoire n’est pas sombre. Elle dégage beaucoup de sensualité et de délicatesse .
Merci à toi pour ce bel écrit qui fait du bien
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