Bon voyage Nicolas

Nul ne sait entre cousins
Lorsque l’on dévale les pentes
Sur nos petits vélos
Qui partira tard
Qui partira tôt

Son vélo était-il vert ou bleu ?
Couleur indigo ?
De quelle couleur étaient ses yeux ?

Je ne me souviens pas

Mais je nous revois ma cousine brune
Et moi sur mon petit vélo rouge
Le suivre dansant
Sur son vélo

Nathalie la joyeuse, l’audacieuse
Plus tard la révoltée
Ma cousine que j’admirais
Et lui ce grand cousin
Que je ne connaissais pas
Bien…

Ce garçon là que je revois
Grand, dégingandé venu nous balader
L’espace d’un été

Ses cheveux de quelle teinte ?
Etaient-il bruns ou bien chatain ?
Quel était le son de sa voix ?

Je ne me souviens pas

Mais je sais qu’avec lui
Nous avons, frêles esquifs
Fait partir sur le Dun
Des bateaux de papier

Mais je sais qu’avec lui
Doux parfum d’interdit
Nous avons quelle audace
Fait rouler nos vélos
Sur le sable normand

Mais je sais qu’avec lui
Nous avons en riant
Pédalé dans les vagues
Couru derrière les mouettes
En imitant leurs cris…

Nul ne sait entre cousins
Lorsque l’on voit
S’éloigner les bateaux
Et qu’on les perd de vue
Ballottés par les flots
Ce qu’ils deviennent au loin

Comme parfois les gens qu’on aime
L’espace d’un été

L’eau a passé sous le petit pont
Comme nos vies suivant leurs cours
Nicolas

Et l’on apprend un jour au détour d’un réseau
Que pour l’un d’entre nous l’esquif a sombré
Que sur fond d’étoile, tu as mis les voiles…

Bon voyage, cousin
Je te vois au loin
Danser sur ta selle
Et rire aux éclats
Pour l’éternité.
❤️