Le chant du merle

C’ est le monde s’ébrouant à l’aube en campagne
Le ciel enivré, lie de vin dessus les prés
L’arbre frémissant au retour de la clarté
Qu’accompagnent en répons un merle et sa compagne

C’est la cloche sonnant tendrement les trépas
Comme pour épargner le souffle des vivants
Qui songent ensommeillés en écoutant le glas
A l’invitée surprise où est-elle à présent

Pas chez eux : pas chez moi songent-ils rassurés
Un jour encore à rester dans la verte beauté
Des choses chantées par ceux qui vont périr
Leur souffle condamné par faits de guerre ou pire

Ceux là n’écouteront plus le chant subtil du merle
Ne verrons plus non plus l’aube éclaircir le ciel
Ils sont passés hier d’une balle au trépas
Ils passeront encore apporteront l’effroi

Spectres d’un autre temps, fantômes d’autres endroits
Que tu sois morte civile, ou mort au combat
Oh toi l’enfant, la femme, oh toi l’homme tombé
Au champ d’honneur pour la France Oh toi l’étranger

Toi dont en grandes pompes on deterra les restes
Pour un jour un symbole une sinistre queste
Ranimer en nos coeurs en ces temps qui réarment
Du mâle esprit guerrier, la mortelle flamme

Bien loin de la branche et du merle qui clame
Sa joie d’être en vie quand l’aube s’est levée
Bien loin de l’homme la femme, des vivants qui s’alarment
Un jour d’être morts dans l’horreur des charniers

Oh souffle souverain qu’exhalent nos poumons
La vie en son cycle éternelle renouvelée
La paix des prés loin du son des clairons
Le chant fluté du merle par le ciel enivré

Oh souffle du vivant cette vive merveille !
Vaut bîen que vigilant sans cesse l’on veille
A garder loin très loin les sombres et tristes jours
Comme l’auraient aimé ceux de l’affiche rouge

Et tous les sacrifiés….

4 Comments

  1. Très beau texte. Le merle moqueur fustige les vas-en-guerre encore trop et si facilement présents sur les plateaux télé. Combien de sacrifices de jeunes hommes pour des chefs militaires au service de milliardaires corrompus et assoiffées de pouvoir et d’argent. La diplomatie, le vrai dialogue et la coopération, le respect des accords signés et le droit des peuples à s’auto-déterminer sont, pour moi, les vrais outils pour une paix durable

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    1. Merci Alan te voilà tout entier comme je t’apprécie ! Je le trouve un peu trop formel et du coup pas très abouti. Mais c est vrai tu as raison c’est tout à fait ce que je voulais qu’on entende. La dichotomie entre la beauté du monde pour peu qu’on sache la ressentir et l’horreur des carnages guerriers, l’obligation d’avoir à se choisir des camps… Ou au con traire de renier ses valeurs pour ne pas s’y retrouver … Dans les camps !je ne suis pas si je suis très claire 🙂

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      1. Cela me rappelle la chanson de Goldman « si j’étais né en 17 à…. » où il termine en disant :  » et qu’on nous épargne à toi et moi d’avoir à choisir un camp » . Les partis, les étiquettes, les nations et même les genres nourrissent les oppositions, les conflits, les guerres. Le merle lui s’en fout, il délivre son chant et basta. Rien à prouver mais quel talent !

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