La fille de travers

C’était un chemin de traverse  pour une fille de travers. Un chemin de guingois entre deux murs de pierre… Elle s’y engageait souvent pour cacher son chagrin. Un de ces raccourcis qui ne raccourcissent rien mais cernés de haut murs et exempt de voitures  rafraîchissent les gens. Un chemin de légende, à lui seul une aventure, un quai 9 3/4 avec à son bout le petit Potter, ou  d’autres géants.
Elle s’y engageait un livre à la main,  retrouvait souvent musant sur le chemin quelques héros oubliés quelques amis de papier.
Entre deux virages le pavé faisait un petit recoin, un ventre de pierre où lire en chemin.
C’était une petite route, une route de rien, sur ce  muret parfois la fille de travers, comme poussée par le vent venait s’ affaler là…  Où elle se sentait bien.
Les murs faisaient écran entre elle et le monde, les bruits lui parvenaient comme du fond d’un étang. Voyageuse immobile et bercée par les mots elle vivait  tranquille dans son cocon de pierre de leur vie intense. Avalant  les pages,  elle oubliait le temps,  mettait à distance les peines de sa vie .
C’est que  la tendre fille de travers quand on lui disait file droit, filait tout droit sans mot dit,  presque en catimini. Puis d’un pas de côté et comme sans y penser, à son allure à elle qui ne marchait pas droit…  prenait cette petite route, ce chemin buissonnier. Regagnait son recoin. Entre les haut murs du chemin de traverse, cachée et  sereine, un livre à la main. Elle pouvait alors libre et souveraine du petit royaume qu’elle s’était créée, être elle enfin.

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